A comme "aller-retour" du présent au passé
On me disait : " Tu seras le dernier " (à entretenir des châtaigniers), maintenant je pourrais dire " J'ai été le premier " parce qu'il y a des jeunes qui reprennent et que, maintenant, c'est beaucoup mieux valorisé qu'il y a quelques années : 3 ou 4 € le kg pour les gros calibres ça commence à être raisonnable !
J'élève un porc que je nourris de châtaignes, d'orge et de betterave et j'ai un poulailler (2200 poules) Label Rouge mais je suis à la retraite, je travaille avec mon neveu et fermier Christian Neffliez. Autrefois on avait des chèvres, des moutons, des cochons, une vache pour le lait. Ici c'est exposé au soleil très longtemps : depuis le lever, on voit ce gros globe rouge qui sort, jusqu'au coucher. Mais c'est aussi exposé aux vents. Par contre il y a de l'eau : 6 sources et 7 ou 8 bassins qui servaient à irriguer les jardins et les cultures. Ici, avant le gel de 56 il y avait même d'énormes figuiers !
Mon père a acheté en 54 et j'ai repris en 75. Il était fermier ici depuis 1929. Le propriétaire tenait un restaurant à Colognac. A l'époque il n'y avait pas de parasites, on ne traitait pas les pommiers, à Maisonneuve (Valestalières) les fermiers ont eu récolté jusqu'à 15 tonnes de pommes.
Parmi les châtaigniers, j'ai des nouvelles variétés et des anciennes.
les Bouches de Bétizac baptisées ainsi parce qu'Elisée Dumas, de Bétizac, était le présidant de la Fédération nationale du châtaignier. C'est une variété mise au point par l'Inra de Bordeaux et l'Ulrac. Le premier de ces arbres au monde a été planté ici !
les marigoules (ou M15).
les Bournettes.
les Soulages (qui viennent du mas de Soulages) : il y en a partout ici, à Lasalle notamment il y avait de beaux châtaigniers de Soulages dans les prés mais ils sont tous morts maintenant.
les Coutinelles, c'est ce que j'ai surtout ici et elles sont bonnes pour la rabanelle, même les chèvres en rafolent elles sont sucrées !
Quand elle fonctionnait encore la coopérative de Lasalle faisait jusqu'à 600 t de châtaignes chaque année. Du temps de mon père, il faisait deux clèdes de 13 tonnes chacune. Il venait une colle de 22 châtaignieurs espagnols tous les ans pendant 15 jours. Il a ramassé jusqu'à 60 t de châtaignes mais avec des arbres beaucoup plus grands que ceux d'aujourd'hui.
Aujourd'hui j'ai encore 6 ha de châtaigneraies entretenue (sur 13) dont 1 ha de nouvelles variétés. Je fauche tous les ans et je nettoie : si on n'enlève pas les feuilles, l'herbe ne pousse pas. On ramasse à la main en choisissant. Le reste ce sont les moutons qui ramassent.C'est le voisin d'Airesèque qui vient pâturer avec son troupeau. Pendant la guerre on semait du seigle sous les châtaigniers pour faire le pain.
Pour l'entretien des châtaigneraies il faut :
Devant la maison, tous les châtaigniers ont été élagués voici quelques années et maintenant il faut entretenir par l'émondage.
Après il faut
J'ai montré comment faire à pas mal de gens et maintenant il y a des jeunes qui savent aussi bien faire que moi (voir l'onglet : Bois-forêt-châtaigneraie)
Pas de fumier pour les châtaigniers (ou bien seulement pour préparer un sol avant la plantation) mais ils aiment bien l'Ammonitre 33 (*) Les deux dernières récoltes ont été plutôt bonnes mais elles ont fait suite à une quinzaine de mauvaises années : pour qu'il y ait des châtaignes il faut qu'il pleuve entre les 2 foires du Vigan (en septembre) c'est reconnu par l'observation. Mais entre le Synyps, le Chancre, l'Endothia, le Carpocapse.... et les sangliers : la châtaigneraie a bien du mal !
* (33,5 % Azote (50% NO₃+50% NH₄)