Quelques acteurs de l'agropastoralisme

Il suffit de s'adresser aux "anciens" cévenols, ceux qui ont connu les années 1930 à 1950, pour comprendre que le caractère "agro-pastoral" du paysage cévenol n'est qu'un pâle reflet (voir l'onglet "Milieux naturels") de ce qu'il fut concernant la Salendrinque : des centaines d'hectares de cultures, notamment de vignes, quantités de petits producteurs de lait de vache, d'éleveurs d'ovins et de caprins (viande et fromages), d'horticulteurs-maraîchers (légumes notamment pommes de terre, arbres fruitiers, raisins de table, oliviers, fêves, pois chiches, céréales pour le pain et l'alimentation des animaux) etc. Ceux qui demeurent, ou qui sont venus s'installer, l'ont fait dans un projet professionnel qui rejoignait un projet de vie lié à la campagne. L'éventail de leur production s'est retréci mais il demeure diversifié.

Et ils ne sont pas seuls : les propriétaires anciens ou nouveaux, les retraités, qui s'activent à l'entetien de leurs terrains et immeubles, cherchent à satisfaire par là une aspiration personnelle mais tous ont un point commun : la façon positive dont ils considèrent leur activité et, certainement, la fierté des résultats qu'ils obtiennent.

Reste un problème crucial pour l'avenir : la transmission des exploitations aux jeunes générations. Un film documentaire remarquable est sorti récemment (2014) sur ce sujet : "Les Chèvres de ma mère" de Sophie Audier, où l'on peut voir (dans le Haut Verdon) toutes les difficultés humaines et techniques que recouvre ce mot "transmission". On y mesure aussi l'énorme distance qui sépare le vécu et la culture d'éleveurs qui ont à faire, dans leur quotidien, tout simplement aux questions de la vie (les naissances) et de la mort (l'abattoir) en regard des préoccupations, fussent-elles aussi bien intentionnées que possible, de l'administration chargée de faire perdurer leurs activités. On y ressent vraiment le bouleversement sociétal qui s'opère (cf. le dossier de presse).

Personne, ni dans le passé ni dans le présent, n'a jamais eu pour objectif d'oeuvrer pour créer ou maintenir "l'agro-pastoralisme" en Cévennes ! Comme le paysage et les milieux naturels, dont il est l'un des leviers, le caractère agro-pastoral d'une région est le résultat de l'héritage historique des générations passées et de l'activité "entrepreneuriale" de ceux qui oeuvrent encore aujourd'hui. Il n'y a pas de "planification" pour maintenir ce caractère mais il peut y avoir une "facilitation" par les pouvoirs publics notamment via les subventions agricoles le plus souvent issues des négociations à l'échelle européenne, mais aussi, plus localement, par des initiatives publiques telles que l'installation de jeunes agriculteurs sur du foncier regroupé auprès de divers propriétaires. 

Aujourd'hui 25 % des "établissements" recensés dans la Salindrenque sont des entreprises agricoles : c'est peu par rapport au passé mais c'est énorme par l'activité que cela engendre et par l'impact positif sur l'harmonie du paysage.