A comme "abeilles", petits acteurs invisibles de l'agropastoralisme

Est-ce que les abeilles font partie de " l'agropastoralisme " ? C'est nous d'abord qui avons fait de l'agropastoralisme pour nous installer ici ! Ensuite les abeilles évidemment ont un rôle pollinisateur : on s'en rend surtout compte quand elles ne sont plus là... Et leur densité a beaucoup baissé depuis 10-15 ans... Autrefois chaque mas avait ses ruches-troncs et on trouvait de essaims sauvages. Ce n'est plus le cas.

J'étais d'abord apiculteur dans l'Aigoual à Arrigas. Puis nous sommes venus ici en 1983 : un hameau abandonné depuis vingt ans, de grandes terrasses, des sources, tout à remettre en état. Nous nous sommes d'abord attaqués à la restauration de la maison, et petit à petit à la remise en valeur des terrasses avec des plantations d'oliviers et de fruitiers de variétés anciennes.

Nos ruches à nous sont appelées justement des " ruches pastorales " parce qu'elles ne sont pas fixes, on les déplace en fonction des récoltes de miel (bio) :

• au printemps l'activité consiste surtout à faire des essaims pour renouveler les populations : ll faut les changer tous les ans ou tous les 18 mois. Sur 600 ruches c'est beaucoup de travail. Soit on achète des reines sélectionnées (comme on achète un taureau pour un élevage de vaches), soit on sélectionne des reines dans des ruches qui se portent bien, qui résitent aux maladies, produisent du miel en quantité et en qualité (douceur) et on les introduit dans de nouveaux essaims qui a leurs tour deviendront des ruches. La durée de vie des reines a baissé ici, bien qu'il n'y ait pas de cultures intensives.
• Ensuite, à partir du mois de mars c'est la première miellée avec le Romarin (on les " transhume " du côté de Narbonne).
• Puis la Bruyère blanche en Vallée française.
• Ensuite l'Acacia autour de Lasalle et Ste Croix de Caderle.
• Puis viennent les miellées de Châtaignier de mi-juin à début-juillet.
• Après c'est l'époque du miel " toutes fleurs "(ronces, bruyères...).
• On finit en fin d'été avec le " miel de montagne " sur l'Aigoual : une grande variété de fleurs (sans chataigier a cause de l'altitude ) entre 1000 et 1300 m d'altitude.
• En toute fin on retourne dans la garrigue, près des Gardons, avec la récolte de miellat (produit par un papillon qui pique les arbres : les abeilles viennent récolter la sève).
• Puis c'est l'hivernage dans les parties les plus ensoleillées de nos garrigues.

Il y a eu une forte évolution depuis 30 ans sur le flore et les arbres : depuis 10-15 ans le rendement a diminué de 25 à 30 %, notamment ceux de la châtaigneraie qui est beaucoup moins entretenue, et qui souffre de nouveaux parasites (comme le synyps) en plus de maladies anciennes. Autrefois la végétation sur les terrasses était beaucoup plus ouverte, aujourd'hui les seules terrasses encore cultivées sont celles qui sont facilement accessibles, partout ailleurs les arbres ont pris le dessus, surtout des pins. Les prairies de fauche sont ce qu'il y a de plus mellifère (les prairies naturelles) un peu avant le chataignier. Les prairies artificielles n'ont aucun intérêt, le genêt et les pins non plus : ils ne sont pas mellifères.

 Nous sommes plusieurs apiculteurs en Salindrenque : Nogarède (Soudorgues) Sébatien Tamm (St Croix de Caderle), Daniel Esquié (St Félix de Paillières), Roland Menard (Monoblet), Michel et Chritel Pradeilles (Thoiras)...

Retrouvez Hervé Parain, l'apiculteur, à la rubrique "Entourage", pour la vente directe des producteurs aux acheteurs (Terroir Cévennes)

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