B... comme berger

J'ai été imprégné dans l'élevage depuis l'âge de 5 ans, j'étais toujours dans les jambes de mon voisin, avec son troupeau ! Mais, quand même, quand j'ai fait mon stage à la bergerie du " Merle " dans les Bouches du Rhône ça m'a beaucoup apporté car ce n'était pas du tout l'élevage qu'on pratiquait ici : un autre contexte, un troupeau de Mérinos avec une démarche de sélection (les cahiers à tenir, l'organisation de la lutte...).

Pendant huit mois ça a été pour moi un monde nouveau : un troupeau de 2000 bêtes !

Pour faire ce métier il faut être motivé : aujourd'hui c'est qui fait la différence entre les jeunes qui viennent en stage, c'est celui qui va savoir observer, qui va s'investir ou bien celui qui reste passif, sans ressort. Il ne suffit pas d'être " intéressé " : ne pas s'imaginer naïvement qu'être berger c'est seulement se promener dans les prés en regardant les bêtes brouter. Car l'observation c'est le fondement de l'acquisition de l'expérience. Alors quand j'ai un jeune je lui montre ce qu'il faut observer : " regarde cette brebis là, elle est seule à l'écart... ". Il faut être curieux, beaucoup se questionner, et trouver le moyen de s'adapter à la région où l'on est.  La première chose à acquérir c'est la connaissance des parcours parce qu'ici on garde les bêtes, on ne les enferme pas dans des clôtures. Les clôtures, ici, demanderaient un entretien énorme car la végétation pousse très vite : il faut garder et mener les bêtes d'un parcours à l'autre tous les jours. C'est à cause de cette variété des parcours justement que la viande à une qualité particulière.

Puis il faut savoir organiser les moments-clefs : l'agnelage (ça dure un mois et c'est là que se fait la recette principale), faire les soins, donner à manger en fonction du nombre d'agneaux par brebis, c'est toute une organisation. 

Il faut savoir faire beaucoup de choses dans le métier : un peu vétérinaire (accoucher, faire une piqûre, mettre un plâtre..), un peu mécanicien (pour entretenir le matériel...), un peu commerçant (il faut savoir vendre). 

Par rapport à dix ans en arrière, les choses vont mieux, même si on ne peut pas vivre que de la vente. Si des jeunes s'installaient, je pense qu'ils auraient un avenir. Le problème c'est le foncier. Moi je n'ai que 28 ha en propre, tout le reste c'est du fermage mais aujourd'hui personne ne voudra plus vous signer un fermage sur 10 ou 15 ha !