I comme isolement voulu
Nous nous sommes sont installés très jeunes en 1983 : nous avions 20 ans ! Nous nous étions connnus en faisant des études agricoles mais dans le domaine des jardins et des espaces verts. D'abord nous avons eu un élevage de chèvres du Rôve au Grand Viala, la propriété qui appartenait à mon grand-oncle un peu plus bas. Il avait 36 héritiers qui tous ont gardé une part... La propriété voisine (La Paro) a été mise en vente par la direction l'Office national des forêts qui la possédait, mais la Safer a acheté et c'est comme ça que nous avons pu nous installer ici, à l'emplacement d'une vieille bergerie. La deuxième fois que nous y sommes montés, nous avons mis 3 h pour la retrouver, dans les ronces et les broussailles... Nous l'avons démolie pour construire du neuf. La maison est en briques mais entièrement " parée " de pierres : mon mari est un amoureux de la pierre !
Le choix est d'abord lié à l'isolement : c'est ce que nous voulions. A l'époque, dans les années 1980, il n'y avait absolument personne ici : les maisons, de l'autre côté du vallon, étaient en ruines. Nous pouvions mener le troupeau partout. Depuis elles ont été restaurées et nous n'y allons plus pour éviter des problèmes avec les bêtes. En complément nous achetons du foin, de la paille et de l'orge à Bagard. Nous avons des races rustiques : chèvres du Rôve et Raioles (autrefois Rouge du Roussillon, rustique aussi). Inutile de leur donner beaucoup de complément.
Les bêtes (100-120 brebis et 80 chèvres) rentrent à la bergerie l'hiver, sinon elles ont des enclos dans les parcours où on peut les laisser. Cette année les brebis vont transhumer pour la première fois au col des Salides : jusque là la Direction des services vétérinaires n'en voulait pas parce que des chèvres laitières étaient mélangées aux brebis. Chèvres et brebis se complètent, les unes aiment les broussailles, les autres les herbes. On a fait du fromage pendant des années, au Grand Viala car il n'y avait pas d'électricité à La Paro. Mais nous avons arrêté il y a 5 ans car c'est très contraignant et il y a trop de problèmes de mise aux normes. Mais c'est avec le fromage de chèvres qu'on a pu construire " tout ça " (la maison et ses dépendances).
La chèvre du Rôve est aussi une race à viande : on vend les chevreaux en passant par l'abattoir du Vigan ce qui n'est pas toujours sans problème et qui oblige à beaucoup d'aller et de retour. Au Vigan on fait la découpe. A Florac en Lozère la transformation ,qui est " rentable " si on ne compte pas ses heures... Sinon il faut vendre à des volaillers ou des engraisseurs qui fixent les prix. Heureusement nous avons des subventions pour entretenir les parcours sur 500 ha car le chevreau se vend aujourd'hui moins cher que quand nous avons commencé (35 francs, 23 francs).