D comme défricheur
D comme défricheur

D comme défricheur

 

En Camargue, on dit : " Si tu veux du mal à ton voisin, conseille-lui d'élever des taureaux et des chevaux " !  Mais ce n'est pas un métier pour moi, je suis complètement amateur ! Ma passion c'est de " faire naître ", mon père avait des chevaux, mon grand père aussi. 

 

J'ai deux sortes de terrains : des parcours et des prés. Les parcours je les ai fait défricher l'année dernière, ils étaient plantés de grands pins. Mais autrefois il n'y avait pas de pins ici. La coopérative laitière de Thoiras-Lasalle, créée dans les années 30, a compté jusqu'à 120 ou 130 coopérateurs : il n'y avait " que des vaches " (" dans les années 70 il y avait 6 000 vaches laitières dans le canton d'Alès et 130 dans le canton de Lasalle " - 1 -) ! Pendant la dernière guerre il n'y avait quasiment plus de bois parce que tout était coupé pour alimenter les voitures à gazogène.

 

Autrefois on n'avait que des châtaigniers et des chênes. Les pins ont été plantés d'abord pour les mines puis on dit que ce sont ceux qui allaient travailler à la construction de la voie du chemin de fer qui ont ramené des plants et les ont répandus. Quand j'ai fait couper les pins, l'année dernière, j'ai aussi tout nettoyé : les ronces, les genêts... Je n'ai gardé que les chênes et ils vont petit à petit prendre de la place et le sol, qui est très pauvre, va s'améliorer. Bien sûr la broussaille repousse mais il faut faire pâturer pour maintenir le sol bien ouvert.

 

Quand on défriche on retrouve toute l'histoire du terrain : ici les terrasses où on a cultivé du seigle, là les aménagements qui avaient été fait pour contenir l'écoulement de l'eau dans le vallon, le tracé du vieux chemin qui venait d'Anduze par Sauveplane et qui est parfaitement visible entre ses deux rangées de pierre...

 

Les Cévennes et la Camargue ont des liens depuis très longtemps : les grandes abbayes bénédictines faisaient monter leurs troupeaux en estive comme celle de Psalmody (St Laurent d'Aigouze), qui a créé Tornac et St André de Vabres, et le grand prieuré Hospitalier de Saint-Gilles qui a créé la commanderie de " Gap-Francès " sur le mont Lozère, propriété des Hospitaliers. Dans la chronique de la guerre des Camisards on parle de vol de chevaux en Camargue. L'écrivain André Chamson disait que les Cévennes étaient le " balcon de la Camargue ".

 

Moi je trouve qu'un cheval doit être libre et pas tout seul, car ils ont tendance à stresser s'ils ne sont pas en troupeau. Actuellement j'ai six juments poulinières et deux étalons agréés, un en Camargue et l'autre sur le Larzac. J'ai eu jusqu'à 20 juments mais c'était beaucoup trop ! Il faut à peu près 1 ha par jument ici, alors qu'en Camargue il en faut 3 ou 4... J'ai aussi du terrain pour faire du foin, à peu près 20 t par an mais il faut que j'en achète en plus. En ce moment (février) celles qui sont dans le parcours mangent essentiellement des glands de chêne. Je ne leur porte pas de foin.

 

Chaque année, dans le Gard, il naît entre 400 et 500 poulains camargues. C'est un cheval rustique, qui demande peu d'entretien, toute l'année dehors. En 60 ans j'ai dû voir deux fois le vétérinaire pour des mise bas. Il est utilisé surtout pour l'agrément, un peu pour le " nettoyage " des terrains humides comme en Sologne ou près des étangs du Languedoc. Depuis quelques années on en vend quelques uns en Allemagne et en Suède.

 

La race est définie par la robe ("grise" disent les éleveurs, blanche pour le commun des mortels...), la taille de 1,40 m à 1,50 m maximum et la morphologie : le chanfrein un peu busqué. Autrefois ils étaient plus petits : 1,35 m à 1,40 m. On ne peut pas grandir beaucoup en mangeant des engagnes et des saladelles et en Camargue ils étaient lâchés sur les terres inexploitables : on en attrapait un de temps en temps pour tirer une charrette, l'armée prenait les plus beaux. A force il y a eu une dégénérescence par consanguinité. Après la guerre, des croisements ont été fait avec des chevaux arabes, boulonnais et espagnols (" Le Camargue de Provence "). Ca a donné le cheval actuel.

 

J'adhère à l'association des éleveurs de chevaux de race Camargue (AECRC) : nous sommes 200, dont 70 seulement sont de vrais " professionnels ", tous les autres sont des amateurs. En 2001 nous n'étions qu'une centaine. L'association permet de sélectionner les étalons, il y a des concours... Des étalons qui se sont vendus jusqu'à 20 000 € ! Mais c'était une mode. Ca permet de voir ce que font les autres et de s'ouvrir l'esprit !

 

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