" Autrefois, les drailles étaient propres, il n'y avait pas tous ces arbres ; on voyait arriver de loin. La draille dessinait une ligne blanche, nette dans le paysage. C'est comme ça que quand j'étais enfant, mon grand-père me montrait comment les bergers menaient leur troupeau. Il me disait : " Celui-là mène bien ou pas ". On voyait l'homme de tête travailler et on pouvait évaluer la largeur occupée par le troupeau. C'est important la largeur ! Celui qui donne l' "asagada " (le démarrage ou l'allure du troupeau) avec un troupeau qui marche sur un front étendu mais droit comme un coup de fusil, celui-là est un bon berger ! "
" Une dralha appartient à tous. C'est un tracé fait par les bêtes sauvages et il doit rester la propriété des bêtes. La largeur est variable mais c'est un terrain neutre !... Aujourd'hui, certaines portions sont goudronnées. De place en place, les pins maritimes ont tout envahi. Certains tronçons en crête nous sont interdits, étouffés par la végétation. Nous préférions passer en crête afin que les bêtes ne manquent pas les châtaignes à la descente. En ce temps-là, nous descendions tard de la montagne ; on nous appelait alors les Autunen. "
"Nous les bergers, nous avons l'habitude de dire : le "dralhau" (grosse cloche, avec un son grave) dit : "Montam, montam " et la "clapa" (petite cloche avec un son léger) "Davalam, Davalam". Quand j'étais jeune, les anciens nous disaient : "Té, escouta aquo. Aquo vos dire la abellardas que montant ! "(Ecoute les troupeaux qui montent)
Entre 1846 et 1977 les effectifs de moutons transhumants sur le mont Lozère sont passés de 110 000 moutons à 9000 !
Cinquante ans de transhumance avec Gérard Chapon (Mémoires d'un maître berger), Christian Anton, Librairie occitane à Salindres (Gard)