Extraits :
Le terme " transhumer " dérive du lantin trans, au-delà, et humus, terre, par l'espagnol " trashumar ", c'est-à-dire aller au-delà de la terre d'origine. Il apparaît en France très tardivement (1823)... Vers 1500 le terme " estiver " du latin aestivare, passer l'été, est employé dans le sens de mettre les bestiaux dans les pâturages de montagne en été... La transhumance est une forme de vie pastorale étroitement associée aux régions de climat méditerranéen où la plaine et la montagne se trouvent très proches.
Définition du mot : "draille"
… Ce droit de passage constituait un droit d'un caractère juridique spécial. Il ne semble pas qu'il se soit agit d'un droit de propriété, la draille restant la propriété du riverain, mais d'une servitude qui ne paraît pas s'éteindre par prescription trentenaire... L'entretien des drailles incombait normalement aux communes sur lesquelles ces voies étaient tracées. Comme il n'est plus jamais effectué, les bergers doivent chaque année, quelques jours avant la transhumance, faire parcourir la draille afin d'ouvrir un chemin dans les portions les plus envahies par les genêts. Ce sont en général les paysans qui assurent l'étape au troupeau transhumant qui sont chargés de cet entretien...
" On peut distinguer deux sortes de drailles d'après leur direction : les drailles principales partant de la garrigue languedocienne pour se diriger vers l'Aigoual, le mont Lozère, puis plus loin la Margeride et l'Aubrac, dont la direction est souvent orientée nord-sud ou légèrement déviée vers l'ouest ; les drailles transversales ou secondaires qui sont orientées est-ouest. Elles viennent rejoindre ou coupent les grandes d'ailles nord-sud, formant un ensemble de voies locales...
ll y a trois drailles principales : la draille d'Aubrac ou draille du Languedoc, la draille de Margeride et la draille du Gévaudan ou Grande draille...
La draille d'Aubrac
Elle mène encore actuellement les troupeaux des garrigues jusqu'au mont Aigoual. Partant de Ganges, elle était utilisée par les moutons de cette région pour se rendre aux pâturages de l'Aubrac, en traversant le mont Aigoual, le causse Méjean et le causse de Sauveterre.
La draille de Margeride
Enpruntée par les moutons des garrigues ou des derniers contreforts des Cévennes se rendant sur les pâturages des monts de la Margeride, elle part de Saint-Hippolyte-du-Fort, parcourt une centaine de kilomètres, sa largeur variant de 10 à 20 mètres. Passant par le col de l'Asclier où elle franchit la route par un " pont moutonnier ", le col des Traverses, Aire-de-Côte, le col du Marquairès, elle rejoint la Can-de-l'Hospitalet... Un ancien tracé venant d'Alès ou de Saint-Jean-du-Gard et suivant la ligne de partage des eaux entre le Gardon d'Anduze et le Gardon de Mialet jusquà la Can-de-l'Hospitalet a été depuis longtemps abandonné.
La draille de Gévaudan (" Grande Draille " ou " chemin de César ")
Utilisée par les troupeaux de la Provence et du Gard pour se rendre sur le mont Lozère, la montagne du Goulet et du Haut Gévaudan, c'est la plus courte des grandes drailles, elle mesure environ 80 kilomètres. Composée de quatre itinéraires qui se rejoignent au col de la Croix-de-Berthel venant de Portes, Cendras, Alès et Saint Jean du Gard, elle traverse le Tarn à l'Aubaret, continue sa route par le col de Finiels, escalade le mont Lozère...
" Bergers des Cévennes ", Anne-Marie Brisebarre, Ed. Berger-Levrault, 1978